• Le Masochisme est l'archétype de la reliance

    Atelier Esprit et Matière sur le thème de l'aspiration de l'homme à l'universel

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    Œuvre de Stéphane DAUTHUILLE

     

  • Présentation de l'atelier

    Le Masochisme, l'archétype de la reliance

     
  • L'homme est convoqué par le sacré, à sacrifier

    ce qu'il n'est pas

    "L’homme prend sur lui-même le devoir de réaliser l’œuvre de rachat, l’opus, et il attribue l’état de souffrance et le besoin de rédemption qui en découlent à l’anima mundi emprisonnée dans la matière »

    Carl Gustave Jung

  • Quelques expressions pour situer le thème

    Le Masochisme, une passion de la reliance

    La religiosité fondement du Masochisme

    Le Masochisme une expérience mystique

    Le Masochisme, le gardien de la vie psychique

    Le Masochisme, un mal ontologique

    Le Masochisme ou la pulsion de religiosité

    À quoi fait référence le masochisme dans son acception courante ?

    Dans le langage courant, le masochisme est indéfectiblement associé à la souffrance, et plus précisément à la recherche du plaisir et de la jouissance par la souffrance. Cette souffrance pouvant être physique, se faire souffrir soi-même ou par le truchement d’un autre. Elle peut être affective : le besoin de se diminuer, de se dévaloriser, le besoin de se placer sous les autres, de partir battu, le besoin inconscient d’échouer, de se punir, d’être puni, non par sentiment de justice, mais afin d’être pardonné ensuite. En ce sens le masochisme est un concept vieux comme le monde.

    Le masochisme est un concept récent et la souffrance une réalité intemporelle

    L’association des mots sadisme et masochisme est récente. En effet le mot masochisme vient du nom d’un écrivain autrichien du 19 siècles, Léopold Sacher Masoch. Un psychiatre austro-hongrois Krafft-Ebing a popularisé les mots de masochisme et de sadisme, dans son étude sur les perversions, inspiré par les ouvrages de Masoch et du marquis De Sade. La paternité du concept sadomasochisme revient à Freud. Pour lui, il existe trois façons de sortir du complexe de l’Œdipe : la psychose, la névrose et la perversion. Le masochisme faisant partie des perversions, il est donc une anomalie sexuelle : la satisfaction érotique s’obtenant par le lien établi consciemment entre la souffrance et la jouissance qu’elle procure. Jung n’emploiera jamais l’expression sadomasochisme, il lui préféra une réalité universellement reconnue et exprimée par le mot souffrance qu’il place au centre du Processus d’individuation. Elle est la condition même de la transformation. Le "devenir conscient", exige de renoncer aux identifications, au narcissisme destructeur, aux fantasmes de toute-puissance et à l’ignorance des forces inconscientes avec lesquelles l’individu reste confondu, sans pouvoir en prendre la responsabilité .

    Pour Benno Rosenberg, le masochisme est le gardien de la vie psychique dans le sens, que le masochiste érotise la destructivité liée à la pulsion de mort, la rendant plus tolérable et moins dangereuse.

    Au travers ces différentes références, nous abordons le débat sans fin du mal et de la nécessité de la souffrance.

    Le masochisme est - il la manifestation d'un mal ontologique ?

    Dans une acception moins connue, le masochisme essentiel est une fusion avec le divin : se réduire à rien pour participer à tout . Dans ce cas alors la mort serait vécue comme une libération extatique. En effet ce à quoi aspire profondément l’être humain, c’est de se sentir relié à l’univers et à ses différentes déclinaisons, le ciel, la mère Nature, Dieu, les autres… chacun possède en lui, cette pulsion du religieux , le besoin d'être relié à plus grand que lui et il cherche par tous les moyens à l’assouvir, y compris par toutes sortes d’addictions (substances hallucinogènes, ivresse, sexe). La finalité étant de se fondre dans le tout, dans un infini, ou un absolu, et de disparaître en tant que Moi individuel.

    Dans ce débat Jung a pris position. Il considère que la souffrance est fondamentale et il la considère comme l’indispensable condition de l’évolution psychique et de la réalisation de soi. Qu’elle se nomme ombre, nigredo — l’œuvre au noir des alchimistes —, mise en pièces (Zerstükelung), tension des opposés, crucifixion, sacrifice, etc., la souffrance est chez Jung au centre du Processus d’individuation et la condition même de la transformation. Elle est indissociable du "devenir conscient" et de la quête du Soi. Ce mal ontologique semble correspondre au désir hypostasié tel que les pères de l’Église l’exprimaient en s'appuyant sur l'expérience des martyrs et l'état de sainteté atteint par l'abnégation et la souffrance.

    L’idée-force est qu’il existe une instance centrale et organisatrice du psychisme

    L’instance centrale et organisatrice du psychisme est le Soi, dont le Christ est le symbole, ou l’Omphalos chez les Grecs, ou l’Antropos chez les orthodoxes, ou le Yod dans la mystique juive. L’archétype du Soi est à l’œuvre dans la psyché humaine et pousse l’individu à faire l’expérience du sacré : vivre une métanoïa, une rupture radicale avec ses habitudes à être, en réponse à une exigence absolue de transformation, émanant de l’inconscient.

    Exemples historiques du masochisme essentiel

    L’histoire nous fournit des exemples très concrets de cette recherche. Par exemple, les martyrs religieux considérés autrefois comme des saints, des mystiques. Aujourd’hui ils seraient qualifiés de masochistes au sens pathologique du terme. La plupart d’entre eux recherchaient la fusion avec le divin. Pour ne plus être séparés de Dieu, ils devaient se séparer de leur personnalité individuelle. Ces exemples témoignent de l’existence d’une pulsion de la religiosité.

    Cette dernière se manifeste aussi dans les orgies, les bacchanales, les saturnales qui sont les ancêtres du carnaval. La finalité de ces différents rituels est la même : vivre le chaos pour découvrir le cosmos.

    L’orgie, est une participation mystique à une vastitude, les personnalités disparaissent au profit d’une seule âme et les inhibitions abdiquent devant la force de ce qui est plus grand que le Moi que nous connaissons sous le nom du Soi. Les bacchanales étaient des fêtes célébrées dans l’antiquité en l’honneur de Bacchus Dieu du vin, de l’ivresse et des débordements sexuels pour atteindre des états modifiés de conscience.

    La particularité des saturnales est l’inversion de l’ordre hiérarchique et de la logique des choses. Ainsi l’autorité des maîtres sur les esclaves est suspendue, autorisant les esclaves à libérer leurs paroles et à se faire servir par leurs maîtres. Nous retrouvons la trace de ces pratiques dans le carnaval dont le mot français date de 1549, et qui connaît encore le succès populaire que nous savons.

    Masochisme, souffrance et sacrifice, quel est le lien ?

    Et si la souffrance était un dérapage du processus de transformation ?

    Les étapes alchimiques dans leur langage symbolique, témoignaient de la décomposition de la matière : mort, combustion, calcination, putréfaction. Chaque étape exige le sacrifice de la forme précédente.

    La finalité de ce processus étant les noces alchimiques, la totalité psychique de Jung, l’éveil de la Kundalilni de l’hindouisme, l’expérience du Nirvana du Bouddhisme, le satori du Shintoïsme.

    Dans les mystères de la passion du Christ, nous assistons à une souffrance extatique montrée dans toute sa cruauté et concomitamment révélée, comme l’accès au divin.

    Toutes ces traditions font de l’illumination, un changement radical dans la perception de la réalité, « une volte-face vers le siège le plus profond de la conscience » dira Jung. C’est la métanoïa des pères de l’Église, une transformation radicale et définitive du rapport à soi, au monde et à l’autre.

    Toute métamorphose exige que la forme précédente se sacrifie, c’est-à-dire fasse le sacré, pour la forme qui va suivre. Or le Moi auquel nous sommes identifiés a une quête du semblable et de la permanence, et donc s’oppose farouchement à tout changement. Cette opposition est la racine de la souffrance et génère les maladies noétiques du siècle.

    Nous sommes dans cette compréhension très loin de la souffrance infligée à l’autre et à soi et de la jouissance qui pourrait en découler, définition classique du masochisme. En effet, dans l’ignorance de cette sagesse ancestrale, le processus de transformation est perverti. Le narcissisme destructeur, celui du Moi identifié, impose aux autres, humiliation, asservissement, torture, mépris, meurtre, projections… tant il est dans l’incapacité d’accéder au sacré. Sa nature même, lui en interdit l’accès. En clair l’individu dans l’incapacité de sacrifier son Moi identifié, sacrifie l’autre en parfaite cohérence avec son inaptitude à l’altérité et à l’amour.

    Dans le processus de transformation, le seul sacrifié devrait être le Moi identifié, et la souffrance ne devrait relever que des renoncements à opérer quant à l’état d’inconscience dans lequel il se maintient ; justifiant ainsi, que ceux sont les autres qui sont à l’origine de sa souffrance et qu’il est légitime de les éliminer ou de les faire souffrir à leur tour.

    Que nous enseignent, Les mythes, contes et légendes sur ce sujet ?

    Cendrillon, Turandot, Job sont autant de personnages mythiques qui témoignent du sujet aborder dans cet atelier. Celui qui est retenu est la nouvelle en vers de Charles Perrault, la patience de Grisélidis, de 1691. Cette nouvelle parle d’un mariage d’amour entre un prince et une bergère d’une grande beauté et d’une grande piété. L’époux va éprouver l’amour et les vertus chrétiennes de sa femme en lui infligeant des humiliations et des mutilations inacceptables et que pourtant, elle va accepter sans jamais se révolter. Cette absence de révolte peut s’expliquer par l’expérience extatique de Grisélidis, que Freud aurait identifié comme une grande perverse masochiste.
  • Article sur le sujet

  • Podcast sur cette thématique

    "Qu'est-ce que le masochisme ?"

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    Dominique Baumgartner

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    dominique.baumgartner@cree-coaching.com

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    26 avenue du Belvédère- 93310- LE PRÉ SAINT- GERVAIS

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