Éros ou la voie du Milieu
Atelier Esprit et Matière sur le thème de l'Éros
Présentation de l'atelier
Éros ou l'union des contraires par la voie du Milieu
« La psychologie de la femme repose sur le principe du grand Éros qui unit et sépare, tandis que l’homme s’attache, depuis toujours, au Logos comme principe suprême »
Carl Gustave Jung
Qu'est-ce-que l'Éros ?
Cet atelier propose d’étudier l’Éros dans tous ses états et de restituer sa finalité première dont il a été détourné : la totalité psychique par la conjonction des opposés. L’union des contraires par la voie du milieu est l’une des caractéristiques les plus fondamentales de l’expérience intérieure. Éros est cette voie du milieu, le Tao de la tradition taoïste, la totalité psychique ou la complétude de Jung, que chaque humain est appelé à réaliser par le dialogue entre le Conscient et l’Inconscient, le Limité et l’Illimité, le Masculin et le Féminin. Tous ces termes revêtent une même réalité : Il n’y a pas de totalité sans reconnaissance des opposés. Sans les deux principes Masculin et Féminin rien n’aurait été possible. Leur union est à l’origine de la Création. Cette union est la force motrice et la finalité du processus de croissance de la psyché, nommé par Jung processus d’individuation.
Que désigne le mot Éros ?
Les Grecs utilisaient ce mot pour désigner l’Amour et le Dieu de l’Amour et de la puissance créatrice. « Il est le plus beau des dieux immortels » nous dit Hésiode.
Freud l’a utilisé pour consolider sa théorie des pulsions. Pour lui, Éros désigne la globalité des pulsions de vie par opposition aux pulsions de mort Thanatos. En clair « toute l’énergie de l’Éros que nous appelons libido… sert à neutraliser les tendances destructrices » selon les termes de Freud.
Jung diffère de cette définition. En effet il considérait l’Éros comme un daïmon, un génie personnel, une divinité intérieure comme la définissait Socrate : une instance médiatrice entre le monde des dieux et celui des mortels. C’est ce daïmon qui invite à la conjonction des opposés, tels que l’esprit et la matière, le conscient et l’inconscient, le limité et l’illimité…
La libido englobe le psychisme tout entier, elle est l’énergie vitale dont l’Éros assure la cohésion. Jung s’est émancipé du couple antithétique Éros/Thanatos retenu par Freud, dans le plus grand respect de la mythologie grecque pour laquelle le contraire d’Éros était Antéros, « l’amour retourné ». Il s’est orienté vers le couple dialectique l’Éros et le Logos.
L’idée force est que l'Éros est une force de cohésion qui peut conduire à l'éveil
L’Éros est une force de cohésion qui travaille à maintenir l’unité et l’intégrité de la psyché. Pour Jung, il a une fonction de relation qui permet le dialogue entre le conscient et l’inconscient. De ce dialogue émerge un nouvel être unifié, émancipé des forces chaotiques de l’inconscient et donc de la psyché collective.
«L’amour et la haine sont, en toute créature, imbriquées l’une dans l’autre et l’homme en porte les deux centres en soi » dit Jacob Böhme en 1682.
Quelques définitions de l’Éros ?
Selon Denis l’Aréopagite, l’Éros est l’énergie du désir, une puissance générale d’unification et de connexion.
Pour Saint-Bernard et Saint Jean Delacroix, il est l’amour du Christ pour l’église, il désigne aussi l’amour de Dieu pour l’âme.
Pour Annick de SOUZENELLE, la vocation première de l’Éros est de se relier au divin. « le désir est la base de l’Éros qui ontologiquement relie l’homme à l’époux divin »
Dans le Tantrisme et le Shaktisme, l’union des contraires Masculin/Féminin efface toute dualité qui est ainsi transcendée en une unité absolue : l’illumination.
Dans la mystique juive, Éros s’entend comme la non-dualité de la dualité, c’est l’unité du Tout.
L’androgyne ou le re bis des alchimistes est une image parfaite de la totalité unitaire de la psyché réalisée par une force érotique orientée vers une conscience supérieure.
La finalité de l'Éros est d'épouser Psyché
Il faut entendre par épousailles, l’union du masculin et du féminin qui rend psyché immortelle, selon le mythe grec. Et c’est Éros qui œuvre à cette union. Jung a véhiculé cette même idée en affirmant que le masculin et le féminin sont deux structures dynamiques constitutives du psychisme humain ; et de préciser qu’au stade premier la psyché de l’enfant est féminine, car elle est indifférenciée, c’est le grand Tout : l’Androgyne, l’Ouroboros (symbolisé par le serpent qui se mord la queue) ; puis dans un second temps le Moi conscient émerge c’est le stade dit de la polarisation qui s’accompagne de la distinction entre le conscient et l’inconscient : puis intervient un troisième stade qui est l’émergence d’une force de cohésion : Éros. La finalité de l’Éros serait donc de mettre en relation le Masculin et le Féminin, de manière à maintenir l’unité et l’intégrité de la psyché et ainsi la préserver de l’éclatement.
L'Éros détourné de sa finalité est un Éros perverti
Les milliards de cellules du corps humain sont une démonstration de la puissance de l’Éros à l’œuvre en chacun d’entre nous, comme dans l’univers. Il est une force motrice, formative et expansive qui oriente chaque individu, à la condition que ce dernier connaisse son désir. A défaut, il manque sa cible et se livre à la mort psychique. Selon les thérapeutes d’Alexandrie, manquer sa cible, c’est pêcher. Éros est une force d’orientation, de la pulsion la plus archaïque à l’éveil. L’éveil de la Kundalini de la tradition hindoue est l’acmé de l’Éros.
Un éros qui demeure archaïque quant à lui, est orienté vers une jouissance compulsive et une intolérance massive à la frustration, faisant le lit des addictions et des perversions., avec toutes les conséquences destructrices que nous connaissons : drogue, alcoolisme, sexe, tabagisme, suractivité, boulimie…
Mais comme Nietzsche le disait dans Ainsi parlait Zarathoustra VI.319 « L’homme a besoin de ce qu’il y a de pire en lui s’il veut parvenir à ce qu’il a de meilleur. »
Éros se distingue d'autres mots qui lui sont associés
Éros dieu de l’Amour et de la puissance créatrice a différentes facettes qu’il intègre toutes: le désir, Hyméros ; l’amour retourné ou réciproque, Antéros ; la personnification de la mort, de la destruction et de la séparation, Thanatos ; la puissance créatrice, les idées éternelles, les archétypes, la raison du monde, Logos. Chacune de ces nuances mériterait un chapitre spécifique. Pour Socrate Eros est né de l’union de Poros, dieu de l’abondance et de Pénia, la pauvreté et la misère, quand à Hésiode , Eros fait parti des cinq olympiens, né de Chaos, il est beau et immortel et "dompte la sagesse et l'intelligence".
Que nous enseignent les mythes, les contes et les légendes à ce sujet ?
Le mythe de l’Androgyne dans le banquet de Platon donne une autre version des origines de l’Éros et confirme son rôle dans la conjonction des opposés.
Le conte de l’âne d’or d’Apulée date de l’an 161 de notre ère. Il témoigne avec une grande précision, du parcours initiatique de Psyché confronté au courroux d’Aphrodite, déesse de la beauté et mère d’Éros qui s’oppose de toutes ses forces, à leurs amours. Ce conte est une allégorie des différentes étapes de croissance de la psyché humaine.
« La psychologie de la femme repose sur le principe du grand Éros qui unit et sépare, tandis que l’homme s’attache, depuis toujours, au Logos comme principe suprême »
Carl Gustave Jung
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Podcast sur cette thématique
"La relation"
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