L'Archétype des archétypes
L'Unus Mundus, archétype du sens, et Yod, Archétype des archétypes
Oeuvre de Stéphane DAUTHUILLEL'Archétype est une forme universelle que prend la libido
L’archétype est à la psyché ce que les instincts sont au plan biologique, à savoir un schéma comportemental et universel propre à l’espèce humaine. Les archétypes sont très nombreux, universels, de nature transcendante et par conséquent le conscient ne peut ni les connaître ni les représenter ; ils organisent, dynamisent et transforment la psyché dont ils orientent l’action ; et leur présence est reconnaissable à l’intensité de la charge émotionnelle et énergétique qu’ils libèrent au moment précis où ils sont à l’œuvre.
Présentation de l'atelier
Unus Mundus est l’Archétype des archétypes,
celui de l'Unité
« Dans les profondeurs de l’âme humaine, la voix du Créateur appelle sans cesse. »
Rav KookL’aspiration naturelle de la psyché à la totalité
L’atelier sur l’Archétype des archétypes aborde l’aspiration naturelle de la psyché à la totalité. Il s’autorise à un rapprochement entre l’Unus Mondus de Jung, archétype de l’Unité et du Sens, et le Yod de la tradition mystique juive. Tous les ateliers sont orientés vers la quête du Sens et transmettent l’idée-force de Jung, à savoir que l’archétype de l’individuation reflète l’effort de la psyché pour y parvenir.
La psyché semble être animée par une aspiration naturelle à l’accomplissement et à la complétude. En effet la vie psychique s’évertue à harmoniser ses contenus conscients et inconscients avec la participation active ou non de l’individu. Si, il intervient consciemment dans le dialogue entre ces deux instances, sa personnalité s’enrichit et un nouvel être advient : un être unique et singulier, émancipé de la psyché collective, extirpé du chaos de l’inconscient.
Ce changement s’engage grâce à une instance médiatrice nommée par Jung, la fonction Transcendante. Chez les Grecs, elle était connue sous le non de « Noos », chez les chrétiens « le Saint-Esprit ». Elle témoigne de la filiation entre l’inconscient et le conscient, dont ce dernier est une émanation, et il a « la nostalgie » de cette matrice originelle avec il peut et veut dialoguer. Dans la psychologie des profondeurs, il existe un archétype du Sens, quel que soit le nom qui lui soit donné selon les cultures et les époques. Jung a retenu, le Soi dont l’Unus Mondus est une version.
Que désigne l’Archétype des archétypes ?
L’archétype des archétypes, le Un, est un ternaire, il est antérieur à l’Unus Mondus, le Monde Un, avec il peut-être confondu. Si l’Unus Mondus est l’archétype du Sens, le Yod est le Rien qui engendre Tout, il est l’archétype des archétypes. Cette formule échappe à notre entendement.
Pour aller au plus simple, disons que préalablement à la Création, et à sa manifestation, il existe un ternaire dont les trois dynamiques conjuguées, constituent l’âme universelle. Le principe de la Trinité est partagé par le christianisme, l’hindouisme, le judaïsme, l’hellénisme… ce Tout originel rassemble le dieu Silencieux, le dieu Créateur et le dieu Verbe, soit le Secret, la Puissance et la Loi. Il correspond au Chaos des Grecs : cet abysse, insondable et terrifiant qui engendre Gaïa, la terre mère solide sur laquelle il est possible de prendre appui ; puis Éros, dieu de l’amour et de la puissance créatrice.
Cette théogonie transposée à la vie psychique, donne le noyau psychotique que le Moi conscient a vocation à contenir : la faille et son contenant. Nous avons là tout l’enjeu de la condition humaine, à savoir s’émanciper du chaos de l’inconscient pour réaliser son cosmos intérieur. Ce que Jung nomme le processus d’individuation dont l’aboutissement est la totalité psychique. Pour se faire, la psyché humaine expérimente l’inconnaissable, la puissance créatrice et la loi cosmique dont elle est dépositaire. C’est le Fiat Lux de la Genèse, expression d’un verbe divin qui somme la Création et les hommes, à se déployer de façon à « devenir transparent à la nature divine de leur être » dit Durkheim.
L’aspiration de la psyché à l’Unité, provient du Yod
Cette conception du monde relève de la Kabbale juive, et c’est cette approche que privilégie cet atelier, sans pour autant exclure les affinités avec d’autres traditions. Le Yod y est défini comme un « atome germe » qui a vocation à se déployer pour réaliser toutes les potentialités qu’il contient. Autrement dit, il est le chemin du retour, gravé dans les profondeurs de notre psyché. La force qui nous a créées a mis à notre disposition de quoi revenir à notre nature ontologique qui est celle de l’Unité. Nous retrouvons son équivalent dans la tradition chrétienne avec le « Je suis ».
La Kabbale est la version ésotérique du judaïsme et constitue une clé de lecture de l’Univers et de la condition humaine. Cette approche, au-delà de sa complexité, offre un modèle d’appareil psychique à travers l’arbre de vie, et de nombreuses similitudes avec l’analyse psychologique de Jung. La loi d’Amour, attraction/répulsion que nous connaissons sous le nom d’Éros, est fondamentale dans la Kabbale, car selon cette tradition le monde repose sur la relation du Féminin et du Masculin. Le Masculin s’exprimant dans l’expansion de la Lumière, et le Féminin dans son assignation à résidence : la shekhina.
Jung a opté pour le couple dialectique Éros et Logos, réservant à Éros le Féminin et à Logos le Masculin, à l’identique des philosophes grecs. La civilisation moderne a privilégié le Logos « fer, béton, acier » avec toutes les conséquences de ses excès, au détriment de l’Éros, le féminin de l’être, qui nous ouvre aux hommes et à Dieu.
Définition de l’Unus Mundus, archétype du Sens
L’Unus Mondus, comme le Tao dans la philosophie qui porte son non, le Samadhi de la tradition hindoue, le Satori du Shintoïsme, décrit l’état où la psyché individuelle rencontre l’éternité. Cet ultime accomplissement est connu sous le non de l’Unus Mondus ce qui signifie le Monde Un, l’aboutissement de l’opus, du grand Œuvre selon la terminologie de la tradition alchimique.
À la fin de sa vie, Jung admettait qu’il existait un seul archétype qui contenait tous les autres, qu’il a désigné sous le terme Unus Mondus, symbolisé par le mandala et manifesté par les phénomènes de synchronicité. Il incarne la totalité psychique de l’homme du futur. À travers ses travaux, Jung nous renvoie à des points essentiels de la Tradition, que ce soit par son intérêt pour le Mystère de la Fleur d’Or, un classique de l’Alchimie, pour la Kabbale, la Gnose, l’hermétisme du Tarot, le Taoïsme et le Confucianisme dont le Yi King fait la synthèse. Le processus d’individuation proposé par Jung se réfère à un processus initiatique inhérent à la dynamique psychique de l’être l’humain : il s’agit en effet de cheminer de la dualité de l’homme à la non-dualité du Soi. Pour Jung, l’approche du Soi, du Dieu caché en nous est une mise en tension et en mouvement de la psyché dont l’aboutissement sera une « totalité psychique » à laquelle les autres archétypes auront participé tout au long d’une vie.
« L’image de Dieu est l’expression d’une expérience sous-jacente de quelque chose que je ne peux pas atteindre avec des moyens intellectuels, c’est-à-dire par la connaissance scientifique, à moins de me livrer à une transgression irresponsable » Extrait d’une lettre, vol V de la Correspondance, 16 novembre 1959.
Quelle est la finalité de cette aspiration ?
La réalisation du Grand Œuvre. Cette opération alchimique transposée à la vie psychique comme Jung s’y est employé consiste à éveiller une conscience supérieure afin de se dégager des forces chaotiques et terribles de l’inconscient. Libérer l’esprit prisonnier de la matière et poursuivre l’œuvre divine, dirait un alchimiste. Transformer les matériaux sombres de l’inconscient en lumière, c’est- à- dire en conscience et discernement, dirait un jungien.
Dans l’analyse psychologique, conscient et inconscient, isolé l’un de l’autre, comme c’est souvent le cas, ne peuvent rien. Seul leur dialogue peut permettre le retour à l’unité psychique, et ce grâce à un troisième élément : la fonction Transcendante qui à l’identique du Mercure en alchimie participe des deux mondes, spirituel et physique, inconscient et conscient.
Cette fonction dès quelle est activée, engage la transformation de la personnalité. Cette dernière peut entrevoir une complétude, là où elle était accaparée par des préoccupations narcissiques. À mesure que se crée la personnalité élargie, la conscience s’épanouit et se transforme et un nouveau centre de la personnalité émerge, « le Soi », tandis que diminuent les tendances de l’ego. Le nouveau centre attire à lui à la manière d’un aimant tout ce qui appartient en propre à sa personne, tout ce qui fait son unicité et sa singularité. À ce stade le Moi qui s’était construit en réponse aux exigences et diktats de l’environnement va laisser se manifester les aspirations et exigences du monde intérieur, l’âme peut enfin s’exprimer. Sa condition initiale inconsciente s’est transformée en conscience supérieure et le cercle de la personnalité, dont le mandala est le symbole, est accompli.
L’Unio Mystica est l’aboutissement de cette aspiration
L’union mystique fait référence à l’étape ultime de l’opus : conscient et inconscient dialoguent, le Masculin et le Féminin célèbrent leurs noces, et la psyché humaine savoure cette complétude, gage d’autonomie, d’altérité et de discernement.
Pour comprendre cette alchimie au sein de la psyché un rappel s’impose. Les phases classiques du travail alchimique sont au nombre de quatre et sont en rapport avec le cycle archétypal « Mort et résurrection », incarné par le cycle des quatre saisons, des quatre âges de la vie, des quatre mondes de la Kabbale, etc.sur le plan alchimique, elles se distinguent par la couleur que prend la matière au fur et à mesure des différentes phases opératives, et bien il en est de même dans le travail thérapeutique jungien. La calcination, dite l’œuvre au Noir correspond à la Putréfaction psychique. Il s’agit de prendre conscience de sa propre confusion intérieure en confrontant le Moi à ce qu’il a rejeté dans l’inconscient personnel : son ombre. Car à ce stade, le Moi est davantage un masque (persona). Le lessivage dite l’œuvre au blanc correspond à la reconnaissance de ses projections et à leur retrait. L’ombre jusque là compacte et indifférenciée libère des contenus psychiques que la personne peut enfin s’approprier. L’inconscient personnel est exploré, l’individu est rectifié, ses centres d’intérêt se déplacent et son rapport à l’autre devient plus fluide, plus tolérant. La sublimation dite l’œuvre au Jaune correspond à la rencontre avec l’archétype sexuel. Lorsque les éléments de l’ombre sont intégrés, les images de l’Anima et de l’Animus sont plus intenses. L’apparition de l’archétype sexuel informe du passage du personnel à l’universel, du biologique au spirituel. L’incandescence, dite l’œuvre au rouge correspond à la rencontre avec l’archétype lumière. Il est l’irruption du sacré dans la psyché de l’individu. Cette phase demande beaucoup d’humilité, car le Moi peut-être tenté de s’approprier des pouvoirs qui ne lui appartiennent pas. La dernière étape étant l’Unio Mystica.
Le Royaume du Nouveau Testament ou l'Unus Mundus du christianisme
Les évangiles apocryphes de Philippe, restituent une définition du Royaume à l’identique de L’Unus Mondus dont il est question dans cet atelier. " Quand vous ferez le deux, un, et quand vous rendrez l’intérieur pareil à l’extérieur, et l’extérieur pareil à l’intérieur, et le haut pareil au bas, et quand vous ferez le masculin et le féminin un... alors vous entrez dans le Royaume." dit Jésus à ses disciples.
Que nous enseignent les mythes, les contes et les légendes ?
Le Cantique des Cantiques relate à merveille, cette pulsion ou cette aspiration à faire advenir un être unique et singulier, qu’il nomme le ‘Bien-aimé’, et que Jung nomme le Soi. C’est un texte biblique, poétique, une ode à l’amour. Il est question de la volupté dont la mythologie grecque nous dit qu’elle est née des épousailles d’Éros et de Psyché. Ce texte célèbre la force érotique à l’œuvre dans toute la Création, et l’aspiration de l’homme pour son Créateur.
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