• L'enfance et la famille

    Comprendre nos origines, c’est éclairer notre chemin vers l’Individuation

  • Déméter et Persephone

    Le complexe Mère et le complexe mère

    La non-séparativité

  • Le conflit entre la non-séparativité cosmique

    et la nécessaire séparation psychique

    Le mythe de l'impossible séparation d'avec la mère.

    Mais de quelle mère s'agit-il ?

    Le mythe de Déméter et Perséphone

    Dans la mythologie Grecque, Déméter est une déesse agraire qui nourrit les hommes et leur apprend à cultiver la
    terre, notamment le blé, une nourriture essentielle et hautement symbolique. Elle a eu une fille conçue avec son frère Zeus, qu’elle élève seule sur une île, la Sicile. Korê est une très belle jeune femme, convoitée par le dieu des enfers Hadès, l’autre frère de Déméter. Alors que Korê admire un narcisse en fleur, la terre s’ouvre et Hadès dressé sur son char, l’empoigne et retourne avec son otage dans le royaume des ombres pour en faire son épouse. Déméter impuissante et ignorante de cet enlèvement, pars à la recherche de sa fille à travers le monde, durant neuf jours et neuf nuits. Elle quitte l’Olympe et refuse de boire le nectar divin, gage de son immortalité et de son statut de déesse, et fait l’expérience de la souffrance humaine.
    Elle est affligée et implore Hélios et Hécate, le Soleil et la Lune, de lui indiquer où se trouve sa fille.
    Lorsqu’elle apprend qu’elle est retenue par Hadès en enfers, Déméter s’y rend, mais en vain, car Hadès refuse de se séparer de son épouse, devenue Perséphone.
    La déesse se venge : les terres, les végétaux, les animaux et les hommes deviennent stériles, et les dieux privés de leurs offrandes voient leurs temples désertés.

    Déméter va plaider sa cause auprès de Zeus, dieu de l’Olympe, qui soucieux de donner satisfaction à son frère et sa sœur,
    propose un compromis : Perséphone vivra neuf mois sur terre avec sa mère et trois mois dessous-terre avec son époux.
    Cette décision enclenche le cycle des saisons, entraînant celui de la séparation associée au cycle mystérieux et non négociable, des Morts et des Renaissances…

    Qu'est-ce que le complexe maternel ?

    Il s’agit d’une libido qui agit de façon autonome dans l’inconscient collectif en tant que complexe inné, que Jung nomme archétype et dans l’inconscient personnel en tant que complexe affectif. Le premier relève d’une expérience impersonnelle, le second d’une expérience personnelle avec la mère biologique et historique. Aborder le thème du complexe mère c’est prendre en considération ces deux dimensions, ce qui permet de comprendre que l’image qu’un individu a de sa mère historique n’est pas strictement liée à l’influence et à l’expérience qu’il a eues avec elle. Cette image est fortement influencée par l’archétype Mère, lui-même, et les images archétypiques véhiculés par la culture et l’époque contemporaine à la relation.

    Le besoin de mère est archétypal avant même d'être un besoin affectif ?

    Déméter est une version de la Magna Mater, l’archétype de la Création, une Grande Mère dénommée Nature dont l’homme dépend depuis toujours, car elle le nourrit. Cette Mère Nature détient tous les mystères de la Vie et de la Mort et dispense à l’homme qui s’ouvre à ses mystères, les clés de compréhension de l’Univers.

    Le mythe rend compte symboliquement de ces mystères dont l’homme est le jouet ou le Sujet selon qu’il accepte la Vie qui s’exprime en lui. S’il n’est pas manifesté par une présence maternelle, le besoin de mère demeure archaïque, non humanisé, pulsionnel avec les conséquences dommageables pour l’homme qui va douter de son aptitude à être en relation et la femme de sa féminité. Le même raisonnement peut être tenu pour l’archétype Père avec des conséquences différentes : l’homme va douter de sa virilité et la femme de son intelligence.

    Connaître ce qui se joue dans le complexe mère, c’est accepter que la mère personnelle ne peut répondre en totalité au besoin archétypal de mère qui taraude l’enfant et donc accepter les limites que lui imposent sa condition d’être humain. Le besoin archétypal ne peut être satisfait que par une expérience de la Transcendance.

     

    Quelle est la symbolique du mythe de Déméter et Perséphone ?

    Dans l’Évangile de Jean, il est dit « si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul, s’il meurt, il porte beaucoup de fruit ». Une autre façon d’aborder le Processus alchimique de l’individuation. Korê « la jeune fille pure », représente le Soi de Déméter, captif de l’Ombre, comme la Matière piège l’Esprit. L’alchimiste s’emploie à délivrer la Sophia (Anima Mundi) de la mère noire des profondeurs : les Enfers où les âmes sont astreintes au jeune.

    L’embryon, dans le ventre maternel, garde la mémoire de son appartenance au cosmos, à la Grande Mère Nature. Perséphone symbolise cette conscience cosmique. Si Déméter est dépossédée de cette composante de sa psyché, elle vit un enfer. Le Processus d’individuation invite chaque individu à faire ce chemin : retrouver sa nature ontologique pour faire l’expérience de la Transcendance, ce qui suppose de dépasser le niveau de conscience ordinaire.

     

    Et le rôle du Masculin dans ce mythe ?

    La complétude entre Déméter et Perséphone est brutalement interrompue par l’éruption du Masculin qui règne en enfers avec la complicité du ciel. Hadès et Zeus ont fomenté l’enlèvement de Koré. Sur le plan psychique, ils expriment un animus négatif qui maltraite le féminin ; il prend en otage le Soi (Koré) et dépossède Déméter de son immortalité. Sur le plan ontologique, ils représentent le Logos, à savoir l’Esprit, la loi cosmique qui impose à chaque être de croître de façon autonome, d’explorer les forces obscures de l’inconscient, de se dégager de la toute-puissance de la mère qui maintient l’individu dans l’immaturité, l’irresponsabilité et l’ignorance du puer eternus.

    L’intervention du Masculin dans la psyché est vitale. Une psyché exclusivement féminine est inconcevable : la psyché est androgyne : sa vitalité, sa santé et son dynamisme reposent sur la base de ces deux grands archétypes que sont le Masculin et le Féminin, Logos et Éros.

    Qu'en pense Jung ?

    Selon Jung, le complexe mère est en même temps un archétype et un complexe affectif. En tant qu’archétype, il est universel et ne relève pas d’une expérience personnelle. L’âme humaine (l’inconscient) est porteuse de cette structure, quelles que soit l’époque, la culture, la religion et l’éducation. Le complexe affectif, quant à lui, est une mémoire qui relève de l’expérience personnelle de l’individu avec sa mère biologique et historique. Si la présence maternelle fait défaut, par excès ou manquements, le complexe mère favorise démesurément l’instinct féminin ou l’inhibe dans la même proportion. En conséquence, l’Éros, archétype de la relation, va évoluer différemment : demeurer archaïque (Korê reste le puer eternus) ou créatif (Perséphone par ses épousailles avec l’Ombre acquiert la Sagesse).

    Dominique Baumgartner

  • Replay audio de l'atelier interactif

    animé par Dominique Baumgartner (1954-2024)

    3 heures d'écoute

  • La jeune fille aux mains coupées

    Le complexe père

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    Un conte des frères Grimm

  • Les conséquences d'un complexe père négatif

    La fille est privée de son autonomie et de son pouvoir créatif

    Que dit le conte de la jeune fille aux mains coupées ?

    "Un meunier tombé dans la pauvreté ne possédait plus rien que son moulin et un grand pommier qui se trouvait derrière. Un jour, dans la forêt, il rencontra un vieil homme inconnu qui lui dit: "Pourquoi t’exténuer à bûcheronner? Je peux te rendre riche si tu me promets ce qu’il y a derrière ton moulin." Songeant que cela ne pouvait être rien d’autre que son pommier, le meunier répondit: "C’est entendu", et il signa cela par écrit à l’étranger au sourire sardonique: "Dans trois ans, je viendrai et j’emporterai ce qui m’appartient." Puis il s’éloigna.

    De retour chez lui, sa femme vint à sa rencontre et dit: "D’où nous vient cette soudaine richesse?" Il répondit: "Cela vient d’un inconnu que j’ai rencontré dans la forêt et qui m’a promis de grandes richesses; en échange, je me suis engagé par écrit à lui céder ce qui est derrière le moulin. - Hélas, mon homme, s’écria la femme effrayée, c’était le diable, et ce n’était pas du pommier qu’il s’agissait, mais de notre fille qui était derrière le moulin."

    La fille du meunier, une enfant belle et pieuse, vécut ces trois années dans la crainte de Dieu et sans commettre de péché. Le délai écoulé et le jour venu, elle se lava et se purifia, puis traça autour d’elle un cercle à la craie.

    Le diable apparut de bonne heure, mais ne put l’approcher. Furieux, il enjoignit au meunier: "Prive-la d’eau, afin qu’elle ne puisse pas se laver; car sinon, je n’ai pas de pouvoir sur elle." Ayant peur, le meunier obéit. Le lendemain matin, le diable revint, mais la jeune fille avait tant pleuré sur ses mains qu’elles étaient pures.

    Ne pouvant toujours pas l’approcher, il dit, plein de fureur, au meunier: "Coupe-lui les mains, sinon, je ne puis rien contre elle." Le meunier, terrifié, répondit: "Comment pourrais-je couper les mains de ma propre fille?" Le Malin le menaça et lui dit: "Si tu ne le fais pas, tu m’appartiendras et je t’emporterai." Le père eut peur et promit d’obéir.

    Il dit à sa fille: "Mon enfant, si je ne te coupe pas les deux mains, le diable m’emportera; comme j’avais peur, je le lui ai promis. Aide-moi dans ma détresse et pardonne-moi le mal que je te fais! - Cher père, lui répondit-elle, faites ce que vous voulez de moi; je suis votre enfant." Elle présenta alors ses deux mains et se les laissa couper. Quand le diable revint pour la troisième fois, elle avait tant pleuré et pendant si longtemps sur ses poignets tranchés qu’ils étaient parfaitement purs. Le diable dut renoncer, ayant perdu tout droit sur elle..."

    Quel est le Processus d'individuation de la jeune fille aux mains coupées ?

    Il est à l'arrêt. Le complexe père constellé négativement dans la psyché de la jeune fille la prive de son autonomie et de ses dons créateurs. Elle est condamnée à mener une vie où règnent la dépendance, la soumission et l’indigence du cœur et de l’esprit. Cette jeune fille sans mains va entreprendre un long voyage initiatique avec persévérance, patience et endurance. Ce conte témoigne du Processus d’individuation à l’œuvre dans la psyché féminine et en indique les différentes étapes : la trahison du père, la mutilation, l’errance, l’Animus noble, la naissance du Soi, l’exil, les noces alchimiques. Tant qu’elle est sous la gouvernance d’un complexe* père négatif, la jeune fille demeure « la bonne fille », docile, serviable, passive ; sa vie psychique est atone, de même que sa créativité, qui se limite à balayer le perron de la maison de ses parents, avec application. Elle perd son âme dans la monotonie de ses activités, car son Éros est au point mort. La force du renouveau lui fait grandement défaut et la jeune fille est figée dans le scénario de vie familiale. Et pourquoi en est-il ainsi ? Elle n’a pas été nourrie par la fonction sentiment de son père. Privée de cet amour, elle est dénutrie au plan affectif, et sa psyché tombe sous le joug d’un Animus calculateur, démoniaque et destructeur. Son père a vendu son âme et celle de sa fille au diable. Et le risque pour cette femme serait de poursuivre à l’identique le troc de son père avec le diable : « donne-moi ton âme et tu ne manqueras de rien » voilà de quoi contenter l’avidité d’un Moi insatiable, intolérant à la moindre frustration.

    Comment s'affranchir d'un complexe père négatif ?

    Le conte y répond précisément. La jeune fille prend conscience de ce à quoi elle a consenti et prend peu à peu conscience de sa lumière, de sa singularité et de sa valeur: les éléments nécessaires pour échapper au diable, le prédateur naturel de la psyché parentale.

    Elle doit retrouver l'usage de ses mains, qui sont les auxilliaires du coeur, qui participent de son autonomie et de sa créativité. Ce conte rappelle que l'Animus ne devient une dynamique psychique que lorsque le complexe père a été identifié et dissous. Ce qui suppose une plongée dans les profondeurs de son inconscient, au plus près de sa blessure.

    En quoi ce conte parle de la femme d'aujourd'hui ?

    Toute femme, quelle que soit son époque, est concernée par le complexe père. Chaque femme a une vie psychique dont le dynamisme dépend des complexes père et mère. Son Processus d'individuation commence avec la prise de conscience qu'elle n'est pas le prolongement de l'histoire parentale dont elle doit se différencier pour faire advenir l'être unique et singulier qu'elle est. Le conte met l'accent sur le complexe père et il y aurait beaucoup à dire sur l'attitude de la mère qui pleure mais laisse faire.

    Dans la mesure où le diable symbolise la force obscure de la vie psychique, chaque femme peut se reconnaitre dans le conte de la jeune fille aux mains coupées.

    Le diable est attiré par la lumière de la jeune fille, lui qui n’est que ténèbres. Elle-même ignore la puissance de sa lumière, d’ailleurs le conte ne lui donne pas de nom. De fait elle semble anonyme et ignorante de sa singularité. Elle ne connaît que sa filiation parentale et ignore sa filiation divine. C’est cette méconnaissance qui l’inscrit dans le rôle de la bonne fille « taillable et corvéable à merci ». Ses parents ne l’ont pas éveillée à cette puissance, qu’eux-mêmes ont ignorée et qu’ils n’ont pas fait fructifier. Elle est donc condamnée à reproduire les mêmes schémas.

    Commence alors une longue errance, avec des épisodes régressifs, une profonde solitude et une impossibilité à accéder à la nourriture et à l’eau dont elle a besoin pour vivre. Épuisée, affamée, perdue, elle plonge dans une profonde détresse et demande de l’aide. Elle l’obtient sous la forme d’une présence angélique, étanche sa soif et se nourrit des fruits du jardin du roi, qui préfigure la rencontre avec l’Animus noble. Ce dernier sensible à la beauté et à la pureté de la jeune fille la prend pour épouse, lui fait faire des mains d’argent et subvient à tous ses besoins. Le conte aurait pu s’arrêter là, comme d’ailleurs la cure thérapeutique d’un patient dont l’intérêt pour l’exploration de son intériorité décroît avec la rencontre tant espérée de l’autre sexe.

    En quoi le père est-il défaillant ?

    Le complexe père ,adossé au complexe mère, l'a sacrifiée au prédateur naturel de la psyché parentale: le diable. Mais ce père est-il excusable puisque dans son esprit il troquait un vieux pommier contre la promesse d’une vie facile. Et bien non, car le sacrifice du pommier est celui de l’arbre de vie, le symbole du Soi, la plus haute instance de la psyché qui aurait pu faire de lui un être autonome, unique et singulier. Le fruit de cet arbre est celui du principe de la transformation à l’œuvre dans la vie psychique. Le conte précise que le moulin du meunier est à l’arrêt : la psyché du père ne fait pas le travail d’élaboration nécessaire pour développer une maturité psychoaffective capable de résister aux tentations du diable et d’en contenir la force dévastatrice. Fort heureusement, la trahison de son père pousse la jeune fille à adopter un comportement différent et à préférer la mutilation plutôt que de sacrifier sa liberté intérieure. Compte tenu de sa maturité affective et psychique avait-elle d’autres options ? Privé de ses deux mains, son cœur n’a plus ses deux auxiliaires pour conduire sa vie tant affective que créative. Elle n’a plus la mainmise sur sa vie, elle en a perdu la souveraineté. Pour la reconquérir, elle tente d’échapper au diable par ses larmes et de quitter son père et sa mère par la conscience acquise de l’inconcevable auquel elle a consenti.

    Qu'en pense Jung ?

    L’Animus est inné chez une femme. Il se constelle ou s’active à travers le complexe père. En principe l’Animus d’une femme se construit et se développe à partir de l’expérience qu’elle a de son père biologique ou de son substitut. Il est en gestation dès l’origine et s’active au contact de l’environnement psychoaffectif dans lequel la fillette évolue, pour s’exprimer de manière significative au moment de la puberté. Dans le meilleur des cas ce père est dans sa vie concrète l’incarnation de l’archétype Père, avec lequel elle va devoir composer pour se construire une identité féminine, se reconnaître une intelligence et une aptitude à entrer en relation avec un homme. L’expérience au père est saine et le complexe père sera positif au plus grand bénéfice de la femme en devenir. Je rappelle que si la mère fait l’enfant, le père fait la femme. En effet l’archétype Père a une fonction d’éveilleur, il devrait permettre à sa fille d’actualiser et de métaboliser l’énergie de l’archétype Animus. À ce titre il confère à la fillette le goût d’être une adulte accomplie en quête de connaissance et d’éveil. Ce qui la prédisposerait à un dialogue avec l’Animus Logos, gage d’une spiritualité propre et assumée.

    Dans le pire des cas, la puissance de cet archétype peut être compromise par un père impuissant, violent, absent, méprisant ; des comportements psychologiques que l’Animus en germe va endosser faute de mieux, puisqu’il est une réserve de masculinité innée chez la femme et qu’il cherche à prendre forme. Dans ce cas l’expérience au père se transforme en un fléau pour la femme, car le complexe père négatif la condamne à la répétition et compromet ses relations affectives d’adulte à venir.

    Dominique Baumgartner

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